Dans le cadre de la célébration des 80 ans de la libération de Quingey, ce mercredi 4 septembre 2024, les cloches de l’église sonneront à midi.
Vous trouverez ci-dessous, la lettre de Monsieur Jean LANOY, Quingeois, responsable local des anciens combattants, qui apporte son témoignage émouvant de ce jour de libération qu’il a vécu à l’âge de huit ans :
« La Libération de QUINGEY c’était, il y a 80 ans, les Quingeois témoins de cet évènement deviennent rares : J’ai été témoin de cet évènement et je vais vous faire part de mes quelques souvenirs marquants de cette époque.
En 1940, les troupes allemandes arrivent à Quingey et un détachement s’installe aux casernes (situées vers le stade), à l’hôtel et même chez l’habitant. Les habitants n’avaient pas le moral, et pour plusieurs raisons : le ravitaillement et les tickets de rationnement distribués avec parcimonie, le travail peu assuré (manque de travail ?), le couvre-feu et la peur d’une arrestation arbitraire. Il régnait un climat délétère, les gens vivaient dans la peur du lendemain. Je vais vous raconter une petite anecdote : Pour montrer sa protestation contre les troupes, le curé Guillemin qui auparavant avait toujours son béret vissé sur sa tête, a décidé de ranger son béret. Cet ancien poilu ne voulait pas retirer son couvre-chef pour ne pas avoir à saluer l’occupant.
Notre maison a été réquisitionnée et deux militaires logeaient chez nous et partageaient notre quotidien. C’était des allemands de classe moyenne et non des NAZIS. Nous avons dû composer avec leur présence et apprendre à cohabiter par obligation et par peur. Aussi fin août 1944, je me souviens d’avoir été pris en photo avec mon frère et mon père avec les Allemands qui s’apprêtaient à partir et retrouver leurs familles.
Le 4 septembre 1944, j’avais 8 ans, c’était les vacances. A l’époque, la rentrée se faisait le 1er octobre et l’année scolaire se terminait le 14 juillet avec la distribution des prix. De la maison, nous avons entendu de grands bruits et un énorme vacarme. A notre grande surprise, des chars américains traversaient le pont sur la Loue et s’étaient arrêtés sur la place. Deux chars se sont installés au virage des roches afin de surveiller Quingey et le pont, et empêcher un éventuel retour des Allemands depuis Abbans. La liesse des Quingeois était indescriptible, les drapeaux français étaient ressortis.
Les américains avaient établi leur camp aux promenades et étaient repartis dès le lendemain en vue de libérer Besançon. Quelques-uns sont restés sur le secteur pour surveillance. Pour la 1ère fois, j’ai vu des chewing6gum et des boites de ration de corned beef. Mais Je n’ai pas eu le droit et le plaisir d’y goûter. Les Américains partis, la vie allait reprendre son cours, très timidement, et se réorganiser. Aussi le curé Guillemin avait retrouvé son béret pour sortir dans les rues de Quingey.
Quelques mois plus tard, Charles Belle, l’ancien combattant de 14/18, celui qui avait « kidnappé » les américains en jeep, était élu maire de Quingey et mon père fut son 1er adjoint.
Jean Lanoy »